mardi 30 novembre 2010

Héroïne en CDI – Épisode 6 : SE LA FERMER (OU PAS?)

Putain, c'est pas possible ça. T'es incapable de dessiner ça correctement. Là, on est en train de corriger tes merdes! Putain, mais j'en ai plein le cul. Tu prends vraiment les gens pour des cons. Faut pas avoir fait Saint-Cyr pour faire ça, je te demande pas de faire des grands calculs. Faut arrêter les conneries. Je comprends pas qu'on puisse être aussi débile. Tu fais gaffe à rien, t'façon, c'est pas compliqué.
C'est infernal. In-fer-nal.
T'as rien compris, mais rien. C'est in-croyable. Et ça te dérange pas. Et là, là ? Tu sais faire ça? Moi je sais pas faire. Et on fait quoi, là ? C'est quand même des conneries incroyables.
Bah voilà. C'est la merde. Là, c'est la merde. Et ça te pose pas de problème?! Tu regardes rien, là! Faut réfléchir ! Ohé ohé !
 Héroïne en CDI

mercredi 10 novembre 2010

Artisterie & Dentisterie

Quand j'ai vu l'appel pour le Salaire de la Peur, j'ai d'abord voulu y participer, puis j'ai renoncé. Par crainte de la répétition, que mon expérience soit banale ou déjà abordée sur le site. Mais depuis, bien que je me sois retrouvée dans pas mal de posts, j'ai réalisé que c'était le titre même du blog qui m'avait fait reculer. Le Salaire de la Peur. C'est exactement comme cela que j'ai construit mon rapport au travail.

dimanche 31 octobre 2010

Quelle vie !

   La retraite, c’est un des côtés obscènes du capitalisme. Tu dois travailler toute ta vie à t’en abîmer, t’en blesser, t’en user et quand tu es usé, plus bon à produire pour les profits des actionnaires ou du patron, tu passes à la réforme. Toute ta vie de travailleur, tu penses à ta retraite, comme la récompense à ta soumission. Pour ça, on te file un peu d’argent pour crever en silence. Si tu es ouvrier, tu meurs très vite et tu n’auras pas coûté grand-chose à la « société » comme ils disent. Tu n’auras pas coûté beaucoup non plus avant, avec tes salaires de misère, la précarité, le chômage et les gosses que tu n’auras pas vu grandir... Les actionnaires, eux, se seront bien gavés sur ton dos maintenant cassé. Pas le temps de construire le garage de tes rêves, à côté de ta maison qui t’as tenu en otage pendant trente ans de crédits. Et trente ans de crédits, ça crée des liens.

dimanche 24 octobre 2010

Héroïne en CDI – Épisode 5 : LA GREVE

Il me faisait trop marrer en dedans, l'intérimaire. Tous les jours, il portait un t-shirt propre alternant Révolution, Anarchie, Che, un vrai catalogue du Goéland ambulant. Ho, ho. Moi qui me prends habituellement pas mal au sérieux, ricanais intérieurement de cet affichage sans me douter une seconde de ce que l'avenir m'enseignerait, c'est-à-dire qu'il puisse réellement connaître par cœur TOUS les couplets de l'Internationale.

samedi 23 octobre 2010

Le salaire de la peur

Hier, je suis tombée, au gré des référents de mon blog (le mien perso, pas celui ci), sur celui ci.

J'ai furieusement envie de réagir, j'y peux rien, je suis comme ça, je ne peux pas rester muette
Le travail (attention je parle du travail salarié tel qu'on le subit aujourd'hui), qu'il soit le plus cool du monde, intéressant, pas mal payé, est une souffrance, eh oui, désolée d'insister.
Vous connaissez beaucoup de gens qui ont envie -je dis bien envie- de travailler tous les jours pendant 8 heures pendant des mois, des années, des décennies, sur un rythme imposé, même s'il n'est pas le leur ? Vous connaissez beaucoup de gens qui n'ont jamais jamais jamais marre de ce rythme là ?
Le travail, qu'on nous impose, qu'il soit obligatoire, qu'on nous dit inhérent à la nature de l'homme, qu'il occupe autant que place dans sa courte vie, qu'il soit générateur d'angoisses, ça ne vous a jamais traversé l'esprit ?

vendredi 15 octobre 2010

Héroïne en CDI – Épisode 4 : LES TRANSPORTS

Dans mon coin, aller au boulot, ça s'appelle "embaucher". Et en sortir le soir, "débaucher". Ça peut prêter à confusion dans d'autres contrées, alors je préfère préciser.
Quoi de mieux que d'embaucher à pieds? Au petit matin, se laisser porter par ses pas qui tapent le trottoir froid, ou mouillé, ou givré, et/ou crotté. (Les talons claquent; les baskets tapent). Démêler les fils de ses écouteurs, et marcher en rythme parmi quelques rues connues par cœur. Caresse le chat. Tiens, les pommes sont bientôt mûres. Trébuche.

vendredi 1 octobre 2010

Travailler plus gagner moins et quand même vivre mieux : Épisode 1

Je vais parler de la façon dont j'envisage le travail et mon expérience en la matière. Ce qui expliquera je pense en grande partie pourquoi j'ai changé de vie avec le plus grand bonheur.

OU J'ÉTUDIE ET DÉCIDE DE MON AVENIR
L'élément fondateur de ma relation au travail se situe en 1ère année de DEUG. Stage optionnel. Je me destinais à la recherche en génétique (le côté mathématique de la génétique me passionnait) et ai donc effectué 1 mois de stage en labo de recherche. Au bout de deux jours, je savais que je ne voulais plus faire ça (et pourtant, ça me motivait depuis la 3ème). Bonne ambiance, conditions plus que correctes, intéressant, mais il a suffit qu'un ou deux chercheurs me parlent de leur horaires de boulot (9h 20h) pour que ça me stoppe direct. Radical.

samedi 25 septembre 2010

Le travail sur la sellette


Travail, famille, patrie. Quelle devise éclairante. On ne parlera pas ici de l’identité nationale, de ce faux débat qui consiste non pas à définir ce que signifie être « français » – comme si on pouvait le définir – mais qui par contre cherche bien à imposer ce qu’est un « bon » français (et la notion de « devoirs » envers la patrie). On ne reviendra pas non plus sur la nécessité sociétale de fonder une famille au risque de passer pour un inadapté, un inutile ou – pire – un homosexuel (au passage si l’homoparentalité dérange autant c’est qu’elle fait exploser une norme que les straights considèrent jusqu’ici comme l’un des fondements de leur système de pensée réactionnaire). Et puis, si on ne fait pas de gosses, qui va payer nos retraites ? Qui va assurer notre avenir ?

vendredi 10 septembre 2010

Héroïne en CDI – épisode 3 : LA CLIM

Dans les bureaux successifs que j'ai pu pratiquer, il y a toujours eu un problème avec ça. La gestion commune du peu d'air qu'il nous est donné de respirer. Une personne par pièce, avec sa fenêtre? Jamais vu ça, à part pour la direction. En général, c'est plutôt autant qu'on peut caser d'ordinateurs sans que les plombs pètent – ce qui arrive quand même parfois.

dimanche 5 septembre 2010

LETTRE OUVERTE D'UNE MÉDIOCRE A SON MINISTRE

Sur le modèle de cette lettre, rédigez la vôtre, modifiez les éléments nécessaires (car chaque situation est particulière) et envoyez-la à cette adresse :
Ministère de la culture
3 rue de Valois
75001 Paris 

Monsieur le ministre,

Je suis française. Je suis artiste plasticienne. Je suis fatiguée.

Vous participez à un gouvernement issu d'un bord politique qui depuis des années détruit l'image de la création, celle des créateurs. Afin de pouvoir mieux détruire la création elle-même.

Ce bord politique a été accusé de « guerre contre l'intelligence » il y a quelques années par de grands esprits lors d'une pétition lancée par le magazine « les Inrockuptibles ». Depuis, certains de ces esprits se sont éteints, d'autres sont las ; la guerre continue de plus belle. Vous y participez. Du mauvais coté de la ligne de front.

jeudi 2 septembre 2010

Héroïne en CDI – Épisode 2 : A QUELLE HEURE ON S'EN VA?

Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai toujours été attachée aux horaires, jamais en retard, souvent à attendre les autre. Je ne remets pas à plus tard les tâches pénibles. Cette petite discipline me permet de moins souffrir des contraintes, contrairement à ce qu'on pourrait croire.
Dans le boulot, ça se traduit ainsi: j'arrive tôt le matin... et je repars encore plus tôt le soir. Quoi qu'il arrive. J'ai vire remarqué que ça rendait fou mon boss, et éberluait les collègues. Je brosse un peu le tableau: la PME avec des contrats aux 35h, où il y a tellement de boulot qu'on pourrait y passer le double sans même le remarquer. Et évidemment, les gars tellement formatés par l'importance de la carrière dans leur vie qu'ils ne comptent pas leurs heures; et s'ils s'en plaignent parfois, jamais ils n'oseraient partir plus tôt, sauf peut-être le vendredi.

vendredi 20 août 2010

Y'en a marre

Ça m’énerve. ça me rend folle. Ça fait maintenant 6 ans que je suis à mon compte. Sur le papier, je suis au régime micro BNC, on a connu plus glamour. Dans la réalité c’est pas toujours sexy non plus, faut quand même avoir un minimum les pieds sur terre et être disciplinée, on est loin des batifolages insouciants qu’on s’imagine naïvement quand on parle de « vie d’artiste ».
On ne peut pas dire que je sois exactement disciplinée, doux euphémisme, mais j’ai une putain de bonne étoile qui me sauve in extremis à chaque fois de la banqueroute. Elle doit être très grosse et très compétente cette étoile, vus à quels rigolos j’ai à faire parfois.

mercredi 18 août 2010

La maison qui rend fou

On sait tous que les méandres administratives peuvent finir par rendre fous. Je comprends pourquoi il y a tant de personnes agressives au troisième guichet, ou à la troisième réunion ou au énième coup de fil. J’en ai pris conscience il y a peu. Enfin on va revenir un peu dans le passé.
Au 22 février, je ressors du bureau du responsable. J’ai en main la date de fin de contrat. Au 22 mars, je suis sans emploi. La crise économique n’épargne pas les petites boutiques ou bien est-ce la mauvaise gestion de mon pote-patron, ou les deux… toujours est-il que je vais devenir chômeuse.
C’est dur mais c’est aussi ça, la vie… y parait.

mardi 17 août 2010

Héroïne en CDI – épisode 1 : LE STAGIAIRE

Il est arrivé à 8h10 ce matin, le nouveau stagiaire. Il s'est sapé classe, avec une chemise repassée et des chaussures de ville, bien rasé. Ça fait toujours drôle chez un mec de 20 piges; il m'a donné envie de sourire. D'ailleurs je ne me suis pas privée. Comme j'étais la seule déjà arrivée ce matin, j'ai dû prendre des initiatives.
J'ai entendu un bruit de couloir hier sur son arrivée, c'est déjà ça.
« -Je crois qu'y a un stagiaire de l'IUT qui arrive demain.
-Non?!!! Mais où on va le mettre?
-Y'a encore de la place dans les WC, à côté des boîtes d'archives.
-Hin, hin, hin »

Savoir compter

Comme tout le monde ou presque j’ai essayé d’apprendre à compter lorsque j’allais encore à l’école. On m’a toujours dit que savoir compter c’est le plus important – encore plus que de savoir lire et écrire, ce qui est parfaitement idiot. Il faut savoir compter ce que l’on possède, il faut savoir compter ce que l’on a fait (ou pas), il faut savoir compter ce que l’on doit à quelqu’un d’autre (et inversement), il faut savoir compter ce qu’il nous reste. Compter est le socle de notre bonne vieille civilisation occidentale basée sur l’accumulation (peut être ailleurs également mais je n’ai jamais voyagé beaucoup plus loin que les frontières de l’Europe) et c’est aussi son mode de fonctionnement, son mode opératoire. J’ai donc appris à compter, sans doute moyennement convaincu de l’utilité de la chose, avant de m’apercevoir aussi que compter me permettait de connaitre le nombre de pages du dernier numéro du Journal de Mickey qu’il me restait encore à lire. Posséder et compter ne seraient donc rien sans la frustration et le manque que cela finit par induire. Compter rend le plaisir, la jouissance et l’inutilité à la fois nécessaire et coupable. Comme un vieux reflexe judéo-chrétien.