mardi 27 septembre 2011

Ouap

« Plaquez tout, les petits. Le travail - dans ce contexte - n'ennoblit pas l'homme. Les idéologues qui prétendent le contraire, quelle est leur profession ? Et quelles sont les chances de durée, je veux dire de durer dans l'amour, d'un couple qui se sépare à 7 heures pour se revoir à 20 heures, fatigué, au cœur d'une bruyante cité HLM ? Moi, je suis parti longtemps, préférant la gêne dans le bleu de la Provence et à la survie au milieu des odeurs de choux et de volaille, ici. Vos yeux sont des miroirs las de refléter les grues, le ciment, les tours et les usines. Glissez, mortels, sur la pente savonneuse de turbin-chagrin ! Glissez vers les cimetières populaires surpeuplés ! Glissez sur vos rêves écrabouillés, magma rosissant et doré des splendeurs à venir. Glissez sur le flot de vos larmes rentrées, sur votre sueur, sur le sang des règles qui prend l'ouvrière debout quand, ailleurs, on va « s'étendre un moment ». Eh oui ! Petit, je m'excuse mais c'est comme ça ! Glissez sous ce beau ciel qui part pour ailleurs ! Glissez au rythme du piano du voisin d'à côté qui était peut-être un virtuose et qui attend son cancer loin de l'odeur du lilas et des roses ! Glissez, mortels et songez que ce n'est pas juste vis-à-vis de nos douze ans, vis-à-vis des garçonnets et des fillettes que vous étiez et qui auraient dû avoir tous les droits ! Ah ! Nom de dieu, vive la Révolution ! »


Ouap, dans Tueurs de Flics de Fajardie.