jeudi 29 août 2013

Derrière les bips bips, des êtres humains.

Quand j'ai voulu commencer des études à la fac, j'ai dû quitter le domicile familial – trop éloigné. J'avais droit à une bourse, échelon maximal, et pourtant les loyers étaient si élevés (même en vivant en couple) que j'ai cherché un job. J'ai eu « de la chance », j'ai trouvé rapidement un emploi de caissière (j'aime pas dire « hôtesse de caisse » et essayer de cacher la misère). C'était à temps partiel pendant les périodes de cours, et à temps complet pendant les vacances : j'ai dit oui. J'y ai passé trois ans tout pile, le temps de terminer ma licence.

Daniel Mermet ou les délices de « l’autogestion joyeuse »

Ce n’est jamais un plaisir de « tirer » sur son propre camp. Mais quand l’une des personnalités les plus influentes de l’audiovisuel « de gauche » adopte au quotidien des techniques de management dignes du patronat néolibéral le plus décomplexé, difficile de détourner les yeux. Enquête sur l’animateur un brin schizophrénique de « Là-bas si j’y suis », l’émission culte de France Inter.

mercredi 5 juin 2013

J'ai fait des études,

j'ai cumulé des diplômes, j'ai engrangé de longues années d'enseignement et maîtrisé plus de domaines qu'il ne m'en fallait. Il parait que c'est seulement comme ça qu'on peut faire un métier qui nous plaît.
Sachez qu'on nous ment. Les rêves ne font pas bon ménage avec la réalité.
Par contre, ce qui marche bien, c'est la précarité.
Résultat, bouffée par la trouille d'un loyer à payer, j'ai chopé le premier CDI qui passait, le seul ou on m'engageait vite et sans trop barguiner.
Je suis téléopératrice.
C'est pas top comme métier.

jeudi 9 mai 2013

Quand il se raconte, le réel est une fiction comme une autre.

Quand l’avenir appartient aux patrons dont les ouvriers se lèvent tôt.

Quand l’usine où tu viens d’être embauché fait des contrats hebdomadaires, soit  alors jusqu’à 18 mois 72 contrats d’une page format 21 x 29,7 cm comprenant durée du contrat, personne que tu remplaces et convention collective auquel tu es rattaché. Mais bon, tu ne vas pas y passer ta vie.

Quand un collègue,  te voyant passer avec un transpalette te clame «  Alors, t’es dans les transports ? »

Quand tu dis que tu es ouvrier et que les gens te disent « Ah ! »

De la liberté d’échouer

Depuis petite j’ai toujours su ce que je voulais faire et je faisais tout pour réussir. J’ai fait des études, j’ai deux masters, j’ai fait des stages dans des entreprises prestigieuses. J’ai pu avoir la sécurité de la part de mes parents, de pouvoir accepter des stages non-rémunérés, nombreux, beaucoup trop nombreux, et surtout de pouvoir me consacrer à mes études sans penser à comment remplir le frigo.  Oui, j’ai été extrêmement bien lotie par rapport à la plupart des étudiants. En échange, on attendait de moi le meilleur. Que je réussisse mes examens, que je sois parmi les premières. Je n’ai pas pu faire une terminale L, parce qu’en province, c’est pour les ratés et je devais donc aller en S. J’ai accepté.

samedi 27 avril 2013

Travailler deux heures par jour

À quelques petits jours de la journée Internationale de Solidarité des Travailleurs  (et non pas "fête du travail"), tout le monde s'époumone sur le retour à l'emploi, crie que l'intégration de gré ou de force, le respect, le droit de vivre, la dignité passent par le boulot. D'une seule voix, de l'extrême gauche à l'extrême droite, ça doit bien être la seule chose qui mette tout le monde d'accord. Tous ? Si dans les hémicycles tout le monde s'entend sur ce point, je connais un sacré paquet de copains qui ne sont pas vraiment d'accord ; je hurle avec eux de tout lâcher pour prendre l'apéro, entre nous et envoyer paitre ces apôtres de St Turbin.

vendredi 26 avril 2013

Not Waving But Drowning (S. Smith)

Certains grandissent avec l’idée que, quand on est jeune, il faut en « profiter », pour voyager, vivre, respirer, grandir, s’amuser. Les meilleures années de ta vie, ils te disent. J’ai grandi avec l’idée que, quand on est jeune, il faut en « profiter » pour travailler au maximum. « Tant que tu as la santé », me répète ma famille, tant que tu as la santé, tu travailles, tu travailles comme tu peux. J’imagine que c’est l’empreinte des migrations qu’ils portent sur les épaules : l’insertion par le travail, la fierté de « ne pas être des assistés », l’orgueil de l’indépendance malgré les obstacles – j’imagine.

mercredi 27 février 2013

Que dire, qu'écrire ?

Je suis un chômeur/travailleur précaire de 56 ans et je suis dans cette situation depuis une bonne dizaine d'années. Avec la distance que me donne mon âge qui est maintenant plus proche de la retraite que du début de ma vie professionnelle je peux affirmer que je n'ai rarement aimé le monde du travail. Je n'ai pas aimé les contraintes, les consignes contradictoires, la pression du "paraître" (= faire semblant). Celui qui se montre comme il est, qui dit ce qu'il pense, qui ne fait pas comme tout le monde est vite mis à l'écart.