Quand j’ai commencé mes
études, j’étais jeune et un peu inconsciente. Du genre : je viens
d’avoir le bac, je peux tout réussir dans la vie. J’étais ivre d’une
image stéréotypée de l’étudiante, toujours heureuse, guillerette,
arpentant les couloirs d’une bibliothèque fantastique recélant des
trésors incroyables : après tout, ne me présentait-on pas cette période
comme “la meilleure de votre vie” ? Et encore parfois, ces profs qui
nous regardent, du haut de leurs rides, ne nous disent-ils pas encore :
“C’est encore pire après” — sympathique moyen d’attirer du public dans
leurs gêoles, vous me direz. Au début, je ne comprenais pas l’ironie
doucereuse. Et soudain, les problèmes familiaux ont troublé le petit
paradis, le nuage s’est percé aussi sûrement qu’un ballon de baudruche ;
je suis redescendue sur terre.[...]
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