Steve Jobs est mort, paix à son âme.
C’était un patron, un capitaliste de merde qui a réussi à vendre au populo des choses inutiles, à créer des besoins nouveaux au nom de la liberté et de l’idéologie d’un monde de communication. Un mec qui parlait si bien, un vrai tribun ce mec paraît-il. Dans le Libé du 7 octobre, 13 pages (!) sont consacrées à cette ordure, avec les témoignages des grands de la Terre, d’Obama à Bill Gates en passant par les politicards à la mode qui pleurent cette enflure. Ils devaient avoir des actions chez Apple sans doute: le cours de l’action a été multiplié par 40 en dix ans, grâce à des produits aussi indispensables que l’I-phone (développé en France) ou l’I-pad si indispensable pour l’émancipation de l’humanité.
Grâce à ce patron d’exception, nous sommes tous passés de l’âge du stylo et de la bibliothèque à l’âge de l’internet pour tous disent les journaux. La vérité est plus prosaïque, bien sûr. Dans ce dossier de Libé on apprend que ce mec était une ordure de longue date, qui avait baisé son associé dés le départ: quand les deux créateurs d’Apple travaillaient chez Atari, Jobs n’avait pas le niveau informatique pour mener à bien son boulot et que c’est son acolyte, Wozniak qui avait fait le turbin à sa place pour 375 dollars, Jobs se mettant la prime de 5000 dollars dans la poche sans en parler à son “copain”! On n’apprend rien de ce que l’on ne sache déjà d’un patron: que c’est un voleur. Il n’a rien inventé, rien découvert si ça n’est comment exploiter presque un million d’êtres humains dans des conditions proches du système concentrationnaire avec l’image du modernisme et de la démocratie. Parce que ce presque million d’êtres humains, grâce aux lois que savent inventer les Etats pour protéger ces ordures, ne sont pas salariés par Apple, mais ils travaillent, ils fabriquent pour Apple. Cette société a aussi compris les avantages de la fausse sous-traitance.
Après, la belle marque, les belles pubs, les apparitions du héros à la télévision, les jolis magasins, c’est autre chose. Une enquête montre que si Apple exige que les “conditions de travail doivent être sûres” et que “les ouvriers traités avec dignité et respect”, la réalité est toute autre. Et comment s’en étonner quand cette boite fait fabriquer ses produits en Chine; Apple pourra toujours dire qu’elle n’est pas au courant et jouer la vierge effarouchée, peut-être sont-ils assez cons dans cette boite pour faire la moindre confiance concernant le respect des droits humains dans une dictature . L’entreprise Foxconn par exemple, qui fabrique les ordinateurs et tous les “I”quelquechose pour le compte d’Apple, fait travailler 920 000 ouvriers dans des conditions proches de l’esclavage, utilise le kidnapping. Les auteurs d’un rapport sur les usines Foxconn considèrent que celles-ci sont “comparables à des camps de concentration”. Ce même rapport cite des taux de cancers étonnants dans un village proche d’une usine d’une autre compagnie travaillant également pour Apple, qui profite de la nuit venue pour dégazer ses vapeurs toxiques. C’est peut-être le vrai sens de la maxime de l’entreprise: “think different”!
Voilà donc un grand patron que tous les journaux nous décrivent comme LE révolutionnaire de l’Internet et qui n’est en fin de compte qu’un patron voyou. Drôle de monde où, comme le fait Sarkosy, on loue le courage, l’imagination et la force de travail d’un assassin, ou comme le fait Obama, on le traite d’un des plus grands inventeurs américains, lui qui n’a inventé en fin de compte que la bonne manière de faire consommer en bonne conscience des produits issus de l’esclavage le plus sordide.
Un patron est mort. Qu’ils crèvent tous!
V.